Hors les murs : une exposition de Nino Laisné au Lycée Edgar Faure de Morteau
Du 29 mars au 11 juin 2021, le Frac proposait une exposition hors les murs, autour du travail de Nino Laisné. L'occasion pour les élèves et l'équipe pédagogique de découvrir le travail de ce jeune artiste et d'accueillir l'exposition directement dans l'établissement.
L’exposition de Nino Laisné au lycée Edgar Faure de Morteau fait suite à une exposition monographique présentée au Frac du 13 octobre 2019 au 12 janvier 2020.
Le travail de Nino Laisné se situe au croisement entre photographie, mise en scène vidéo et pratique musicale. Proposant des oeuvres empreintes d’une certaine étrangeté, l’artiste se détache d’une narration linéaire et cherche des points de correspondance entre musique traditionnelle et langage cinématographique. L’histoire de la musique s’intègre dans ses oeuvres, notamment dans les rapports ambigus qu’elle entretient avec la fiction. Cette intrusion progressive d’éléments musicaux est aussi le reflet d’un goût prononcé pour la pluridisciplinarité, pour le métissage entre les arts et pour les formes hybrides qui peuvent en résulter. »
Suite à une résidence de l’artiste au Frac Franche- Comté en 2019-2020, trois oeuvres : un mécanisme horloger, un dessin et un film, ont été conçus par Nino Laisné ; elles sont ensuite venues enrichir la collection du Frac puisque les problématiques du temps et de la musique dans l’oeuvre de Nino Laisné sont aussi celles qui traversent la collection du Frac elle-même depuis 2006. Ces trois oeuvres sont intimement liées : « La première pièce, produite en collaboration avec la Plateforme Technologique Microtechniques Prototypage de Morteau, consiste en une réplique du mécanisme de La joueuse de tympanon. Cet automate, offert à Marie-Antoinette en 1785, représente la reine musicienne, assise devant un tympanon logé dans la structure d’un clavecin, frappant les cordes à l’aide de petits martelets. L’étonnante singularité de cet automate réside dans le fait que la musique provient réellement du geste sur l’instrument miniature, et non du mécanisme lui-même. Sous la robe de la figurine se cachent de nombreux rouages qui engendrent les mouvements de bras. Ce mécanisme propose une variation de huit mélodies, dont l’une est attribuée à Gluck, un des compositeurs favoris de Marie-Antoinette et initiateur du classicisme viennois. L’oeuvre de Nino Laisné, si elle semble être une réplique parfaite du mécanisme, en est en réalité une contrefaçon, aux mélodies altérées. La seconde pièce est une vidéo qui s’appuie sur la version falsifiée du mécanisme, proposant une réflexion sur les notions de mémoire et d’imposture.
L’artiste s’est en effet intéressé aux « faux Louis XVII », nombreux imposteurs qui prétendirent être le dauphin, et notamment un certain Karl Wilhelm Naundorff, horloger de métier et personnage insaisissable, qui eut de multiples démêlés avec la justice. » La caricature imaginée et dessinée par Nino Laisné lie la fiction présente dans le film et dans le mécanisme en faisant se rencontrer La joueuse de Tympanon et le personnage de Naundorff. Avec cette exposition présentée au lycée, le Frac Franche-Comté donne à voir et à entendre un ensemble d’oeuvres de Nino Laisné qui oscillent entre réalité et fiction, entre Histoire et faux-semblants.
photos Nicolas Waltefaugle