La Bibliothèque idéale de l'exposition « Étonner la catastrophe »
L’actuelle exposition présentée au Frac est consacrée à de jeunes artistes dont le parcours est passé par l’Institut supérieur des beaux-arts (ISBA) de Besançon. Une fois encore, les artistes invités ont répondu à la proposition de constituer des « bibliothèques idéales ».
Ils nous font découvrir ou redécouvrir des ouvrages de différentes natures (romans, recueils de contes ou de nouvelles, écrits théoriques et politiques, et cette fois-ci aussi des mangas) dont les thématiques accompagnent celles évoquées par l’exposition : le rapport à l’environnement et aux menaces qui pèsent sur lui, l’imagination comme moteur de réflexion et de résolution face à ces crises, et l’enfance comme métaphore de liberté, de créativité, mais aussi de vulnérabilité.
Enfance mise à mal par le monde des adultes, comme le relate le roman bien connu de Victor Hugo Les Misérables, qui a prêté au Frac une image, devenue le titre de l’exposition : Étonner la catastrophe. Cette figure de l’enfance trahie par les adultes, exploitée, maltraitée, on la rencontre dans de nombreux livres qui constituent la présente sélection. Elle est présente depuis toujours dans les contes, ici ceux des frères Grimm (sélectionnés par Hippolyte Cupillard) ou de Hans Christian Andersen (avec sa Petite fille aux allumettes emblématique de l’exposition puisque Jordan Paillet lui consacre une œuvre importante), on la retrouve dans le roman en partie autobiographique de Dorothy Allison, L’histoire de Bone * , dans le manga L’école emportée de Kazuo Umezu ♦ , ou encore dans la nouvelle Les enfants verts d’Olga Tokarczuk ♦ . Le livre collectif Politiser l’enfance dirigé par Vincent Romagny * vient apporter un éclairage théorique à ces interrogations sur la place de l’enfant et de l’enfance au cœur du débat politique et de l’organisation de la vie sociale.
Nombreux aussi sont les livres qui mêlent fiction et faits réels, récits personnels et événements historiques. Ce n’est peut-être pas un hasard, plusieurs livres choisis ont été écrits au moment de la Seconde guerre mondiale, notamment Le monde d’hier où Stefan Zweig ♦ , à travers ses propres expériences de vie, déplore la montée du fascisme et l’effondrement de la civilisation européenne, ou le roman Suite française d’Irène Némirovsky ♦ qui suit la population française dans la tourmente de la guerre et de l’occupation. D’autres textes autobiographiques romancés ou empruntant à des faits réels, tels La cité de mon père de Mehdi Charef * , Rue du passage de Fatima Ouassak * , L’histoire de Bone de Dorothy Allison * ou encore Ma vie made in Harlem de Dapper Dan ◘ explorent les crises et les transformations d’époques plus proches de nous. Des textes de non-fiction sont aussi proposés, tout autant tirés de l’expérience, tels les livres de Virginie Despentes King Kong théorie ▲ , La Palestine comme métaphore de Mahmoud Darwich ▲ , ou Toute une moitié du monde d’Alice Zeniter ▲ qui explore également les rapports entre réalité et fiction au prisme du féminisme.
Ce ne sont là que quelques-uns des livres présentés dans notre Bibliothèque idéale actuelle, que nous vous invitons à découvrir dans l’espace documentaire de l’exposition. Les livres des Bibliothèques idéales des expositions monographiques d’Esther Ferrer et de La Ribot sont désormais disponibles au prêt dans notre bibliothèque, qui vient de rouvrir ses portes après la pause de Noël. Au plaisir de vous y retrouver !
Notes :
* Sélections de Mégane Brauer
♦ Sélections d'Hippolyte Cupillard
◘ Sélections de Jordan Paillet
▲ Sélections de Mathilde Chavanne
