Resonant Bodies
Frac Franche-Comté / Erba / Centre d’art mobile / Sonic / Le Quai-Esa de Mulhouse, sur une proposition d’Yvan Etienn
L'exposition Resonant Bodies présente des oeuvres de quatre artistes qui questionnent de manière effective la notion de présence. Elles jouent en effet chacune différemment sur nos perceptions visuelles, auditives, sensorielles et interrogent les relations qui sʼétablissent entre les corps : ceux des oeuvres, de
lʼarchitecture qui les accueille, le corps social… et le notre enfin, sorte de caisse de résonnance, dont la nature - jamais neutre - varie selon les individus. Réverbérantes, ondulatoires, invisibles ou fréquentielles, les pièces exposées dans ce contexte sont des outils de désorientations, des étalons fluides, des machines
à vertiges qui nous convoquent au fleuve sans rives de lʼêtre-là.
Phill Niblock, pionnier de la musique minimale américaine, et organisateur incontournable de la scène artistique new-yorkaise au sein de Experimental Intermedia, a influencé nombre de musiciens expérimentaux comme Glenn Branca, Lee Ranaldo (Sonic Youth). Comme le critique et musicien Tom Johnson le définit, en parlant de ses pièces musicales « no melody, no rythm, no bull shit », le travail de Niblock est radical. Une masse de bourdon sonore et des films The Movement of people working qui montrent, en plan fixe, des personnes qui travaillent la terre, fabriquent des briques, pêchent, chassent ... réalisent des travaux primaires, des travaux de survies. L'interaction des deux médiums nous plonge dans un environnement vibrant à expérimenter, ou la place du corps nous renvoit directement à la primauté des images projetées.
Seth Cluett, qui vit aux Etats-Unis, est un artiste, interprète, compositeur et auteur dʼécrits critiques dont les matériaux de prédilection sont lʼinstallation sonore, la vidéo, la photographie, le dessin. Il examine les frontières entre lʼouïe et les autres sens, tout en soulignant le rôle de la perception et du son dans la création
dʼun sens du lieu et de lʼexpérience du temps. Pour cette exposition il propose de réaliser une installation vidéo et sonore conçue à partir de sa voix qui engage l'acoustique propre à l'espace architectural de l'exposition et rejoue nos perceptions de celui-ci.
Francis Baudevin vit à Lausanne. Il réalise des peintures à partir de compositions trouvées et reproduites. Empruntées au monde de l'art comme à celui de la communication (packaging pharmaceutique, pochettes de disques, logos...) ses peintures conçues à partir de formes géométriques décontextualisées questionnent concrètement les limites, les croisements entre l'art abstrait et le graphisme et nous amènent à opérer des glissements perceptifs permanents. La pièce présentée dans cette exposition est une reprise du logo des disques Polydor, une réinterprétation qui laisse entrevoir les liens de celui-ci avec les archétypes de l'art concret. Comme le stipule le critique Bob Nickas : « Un jour, les peintures de Francis Baudevin devront porter le type d'avertissements et de recommandations d'utilisation que comportent les originaux : peut provoquer une sensation de vertige et jouer à volume élevé ».
Jung Hee Choi vit à New York, peintre, vidéaste, musicienne et chanteuse au sein du Just Alap Raga Ensemble avec La Monte Young et Marian Zazeela, elle utilise à la fois des techniques traditionnelles et les nouvelles technologies pour réaliser des installations intermédia. A propos de ses oeuvres récentes, lʼartiste
indique : « Cette synthèse dʼexpression crée collectivement un espace intersubjectif comme un continuum homogène. En rejetant notre mode actuel de perception qui souligne la «vue» comme le modèle principal de lʼorganisation du sensorium, cette série dʼoeuvres souligne la totalité des perceptions sensorielles comme
une seule unité pour créer un état dʼimmersion.» Pour Resonant bodies, elle présentera un ensemble de trois pièces Ahata Anahata Manifest Unmanifest 11 VI 21 constituées de sons, de vidéos et de projections lumineuses.
Yvan Etienne