Syncopes et Extases. Vertiges du Temps
Avec les oeuvres de Caroline Achaintre, István Balogh, Guillaume Boulley, Luc Breton, Balthasar Burkhard, William S. Burroughs, Julian Charrière, Clément Cogitore, Charles Antoine Coypel, Salvador Dalí, Isaac Fisches, Douglas Gordon, Thomas Hirschhorn, Thomas Huber, Ann Veronica Janssens, Atsunobu Kohira, Marie-Jo Lafontaine, Ange Leccia, Ingrid Luche, Myriam Mechita, François Morellet, Géraldine Pastor Lloret, Neo Rauch, Gerhard Richter, Hannah Rickards, Jimmy Robert, Stéphanie Solinas, Alia Syed, Julien Tiberi.
Tomber en syncope ou en extase, c’est vivre un vertige du temps, une suspension temporelle. Temps mort ou temps d’arrêt ? Contretemps ou ellipse ? Hors temps, certainement.
Cette exposition interroge l’état dans lequel le corps se trouve lorsqu’il perd conscience et s’abandonne tandis que l’esprit s’échappe. Corps lâché qui subit de plein fouet toute sa gravité, yeux clos ou mi-clos, bouche entrouverte, caractérisent en effet les représentations dont L’Extase de Sainte Thérèse du Bernin, celle de Saint François du Caravage ou encore L’évanouissement d’Esther de Nicolas Poussin ont inspiré de nombreux artistes.
Syncope et extase dont les artistes cherchent à traduire le mystérieux hors de soi. Le chirurgien Ambroise Paré définissait déjà la syncope comme une soudaine et forte défaillance des facultés et des vertus, précisant que les anciens l’appelaient aussi « la petite mort ». L’image frappante de cet effondrement sous le coup d’un choc, le plus souvent émotionnel, ne doit pas éclipser la volonté des artistes de partager les effets ressentis et le sentiment d’absence éprouvé. Parce qu’il ne reste généralement aucun souvenir, aucune trace dans la mémoire, exceptés le vertige, la fulgurance, le silence assourdissant, le trou noir ou, à l’opposé, l’éblouissement.
Impressions paradoxales et contradictoires en apparence comme le mot « syncope » lui-même qui vient du grec sun « avec » et koptein « couper ».
La syncope et l’extase bouleversent et transportent simultanément, d’où la tension inhérente à ces états dans leur rapport à la mort, intimement induit par la chute, l’abandon du corps devenu inerte. Comme si la syncope-extase en était le premier sas, « l’image vivante », si l’on peut dire. On comprend encore aujourd’hui l’intérêt particulier des artistes contemporains qui ne cherchent pas seulement à représenter ce bouleversement indicible mais à le faire ressentir, pour en cerner l’ambivalence entre abandon et résistance.
L’exposition propose d’abord une plongée en syncope-extase où l’on perçoit des impressions et sensations de trouble de la vue, des tensions contraires, des ruptures temporelles. Après une traversée des états extatiques où plaisir et mystique s’interpénètrent, l’exposition interroge la syncope, comme la révélation d’un corps révolté et d’un hiatus de l’histoire.
Selon Louis Marin, « la syncope est en même temps interruption et réintégration, déchirure et reprise » ; et si la syncope et l’extase servaient à comprendre et à penser l’art ? Soit la possibilité de traduire ce qui est de l’ordre de l’insaisissable, de l’irreprésentable, de l’inaudible et de l’indicible. Ce dont on ne se souvient pas ou que l’on ne perçoit qu’a posteriori ? Vertiges du temps.
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Remerciements aux prêteurs et partenaires
Frac Normandie Rouen ; Galerie Semiose, Paris ; Musée des Beaux-Arts de Dole ; Collection Frac Grand Large — Hauts-de-France, Dunkerque ; Collection Les Abattoirs, Musée — Frac Occitanie, Toulouse ; Galerie kamel mennour, Paris ; Collection 49 Nord 6 Est-Frac Lorraine, Metz ; Galerie Skopia, Genève ; Centre national des arts plastiques, Paris ; Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon ; Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon ; Musée Frieder Burda, Baden-Baden ; Musée des Beaux-Arts de Dole ; Studio Thomas Hirschhorn, Paris ; Galerie Air de Paris, Paris ; et les artistes
L’exposition a reçu le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture
Annexe / Documents
- Dossier de presse (pdf, 1.08 Mo)