Hiraki Sawa – Carrousel>
Exposition organisée par le Frac Franche-Comté, les Musées du Centre, l'Iufm de Franche-Comté et le Centre d’Art Mobile
Le Frac Franche-Comté, les Musées du Centre de Besançon, le Centre d’Art Mobile et l’IUFM de Franche-Comté se sont associés pour produire une exposition consacrée à l’artiste Hiraki Sawa. Cette exposition se tiendra du 19 juin au 26 septembre 2010 au Musée des Beaux-arts et d’Archéologie et au Musée du Temps à Besançon.
Hiraki Sawa est un jeune vidéaste déjà présent dans de nombreuses expositions sur la scène internationale (Etats-Unis, Australie, Corée du Sud, Japon…). Né en 1977 dans le département d’Ishikawa au Japon, il vit et travaille à Londres. Diplômé de l’University of East London en 2000, il obtient sa maîtrise en art à la Slade School of Fine Arts. Il a été découvert en France à l’occasion de la biennale d’art contemporain de Lyon en 2003.
L’exposition Carrousel se développe en une douzaine d’œuvres dans les espaces de deux musées au cœur de la ville de Besançon pour inviter les visiteurs à un parcours dans l’univers de l’artiste. Depuis la deuxième version de Hako en 2007, Hiraki Sawa oriente également ses travaux et sa réflexion sur leur mise en espace. Multiplier les écrans de projection lui a permis de complexifier la temporalité de son œuvre et l’expérience du visiteur. Suivant cette évolution, Sawa accumule et dispose ici ses pièces existantes dans les espaces d’exposition pour donner la vision d’un monde fragmenté, où selon lui « chaque partie de l’œuvre est un tout »
En effet, chacune de ses œuvres est comme une totalité, un univers infini, la cartographie d’un monde en constante expansion et en perpétuel retour sur lui-même. Dans ses œuvres, la narration est conçue comme un cycle toujours recommencé, un cercle où tout se rejoue à l’identique, indéfiniment, comme sur un carrousel.
« Les images que convoque l’artiste sont celles de l’enfance, et “c’est plutôt rare de pouvoir se promener dans une image d’enfance”1. Pour y parvenir, il côtoie parfois directement ces manifestations, mettant en scène, comme dans In hère, des dessins d’enfants et inventant, avec et pour eux, des véhicules, navettes et vaisseaux qui décollent ensuite dans le hublot de la machine à laver ou le bocal à poissons rouge, dans cette pièce, la première en couleur réalisée par l’artiste. »2
Variation III (Silts), au Musée du Temps, est une installation qui propose de revisiter l’idée de transmission des connaissances en interrogeant les notions de temps et d’espace. Sur un grand écran défilent le flux et le reflux de la mer, les oiseaux qui migrent pour revenir, le mouvement de va-et-vient du balancier qui rythme le temps dans l’espace et la plateforme assaillie par les vagues. Les traces laissées par le passage du temps apparaissent et disparaissent dans un éternel recommencement.
Une double entrée dans le travail d’Hiraki Sawa est proposée au Musée des Beaux-arts et d’Archéologie. L’artiste insère l’une de ses œuvres, Dwelling, au sein des collections du Musée. « Les objets s’animent dans l’œuvre de l’artiste (Elsewhere) […] Une lumière jaillit, des traversées s’opèrent comme celles des Jumbo Jets dans Dwelling, cette vidéo qui permit a` l’artiste d’accéder à une réputation internationale. Les avions sont un peu comme la signature artistique d’Hiraki Sawa. Ils décollent, atterrissent et sillonnent le petit appartement londonien. Depuis Dwelling, ils surgissent à nouveau, régulièrement dans les nouvelles pièces, comme dans Spotter, Airliner… […] Ils viennent perturber l’espace, l’agrandir.3 « L’artiste investit d’autre part les 200 m2 de la salle XVIIIe du Musée en y présentant un environnement composé d’une dizaine de vidéo projections. Ici s’affirme, dans une atmosphère douce et poétique, sa recherche constante du monde de l’enfance et du temps perdu.
« L’univers merveilleux est celui du rêve, celui après lequel on court devenu adulte. […] Et plus encore que le rêve, peut-être s’agit-il ici de traquer les souvenirs, les moments du plus jeune âge, de l’apprentissage du piano ou de la bicyclette, du désir d’être pompier ou pilote… […] Ces souvenirs pour lesquels il n’y a pas de différence entre le réel et l’imaginaire. […] Hiraki Sawa quitte quelques rares fois son appartement pour s’en assurer, sondant des univers plus bourgeois (Going Places Sitting Down), reconstruisant des fragments d’une maison de princesse ou de poupée sur la plage (Hako), ou rêvant un parc de jeux pour enfants (Unseen Park).
Hiraki Sawa interprète et réorchestre l’existence. Il tisse l’histoire de la vie, d’une vie qui se déroule sous nos yeux, emprisonnée dans des petits espaces. Le jeu d’échelle n’y peut rien. L’artiste a beau introduire tous les longs courriers du monde entier, en faire une arche de Noé, ou une tour de Babel, il ne parvient pas a` en pulvériser les limites, qui sont celles du temps, le temps de naître, de vivre et de mourir. “Il comprit qu’on ne s’évadait pas du Temps et que cet instant qu’il lui avait été donné de voir enfant et qui n’avait cessé de l’obséder, c’était celui de sa propre mort” 4.
Hiraki Sawa ne cherche même pas à fuir, il constate seulement, la petitesse et la vacuité de l’existence, et, en même temps, il en livre toute la richesse et l’infinitude. Il réalise qu’il n’y a pas beaucoup de différences entre le rêve et la réalité, l’enfance et l’adolescence, l’ivresse ou la sagesse. Il comprend qu’on est, tout simplement, et puis qu’on meurt, tout aussi simplement, et enfin, “if we are dead, so it is 5”. »6
1Extrait de Un dimanche à Pékin, Chris Marker
2 Extrait du texte Vespertine, Alexandre Rolla, 2010
3 Ibid.
4 Dernière phrase de La Jetée, Chris Marker
5Titre d’une œuvre de Michel Majerus, réalisée en 2000
6 Extrait du texte Vespertine, Alexandre Rolla, 2010