Montag ou la bibliothèque à venir
Montag ou la bibliothèque à venir explore les liens qui unissent la littérature aux arts visuels, traduisant un intérêt qui ne s’est jamais démenti de la part des artistes envers le médium littéraire. Elle réunit une trentaine d’oeuvres qui traitent de la question, consistant soit en adaptations de textes célèbres via les moyens spécifiques des arts visuels : sculpture, vidéo, installation, dessin, etc., soit en interventions directes sur la matière textuelle, lui faisant subir moult métamorphoses, détournements, recouvrements et autres «outrages». Une dernière section est plus particulièrement dédiée aux bibliothèques et aux livres, ces derniers faisant régulièrement l’objet de censure de la part de régimes liberticides ; en regard de ces atteintes se développe une production livresque plus fournie que jamais de la part d’artistes pour qui la littérature demeure un champ d’expérimentation incomparable et qui contribuent fortement à sa régénération.
Succédant à un discrédit historique de la littérature qui l’a éloignée pendant de nombreuses décennies du monde de l’art – après avoir régné en maitresse sur ce dernier depuis le 18e siècle – la littérature n’a cessé d’agir de manière souterraine et distante sur la production artistique, bien que des philosophes de l’importance de Sartre l’aient cantonnée dans un éloignement infranchissable d’avec les autres disciplines artistiques. Formellement, la littérature n’est pas soluble dans les arts plastiques et son régime d’appréhension s’en différencie fondamentalement : c’est plutôt via ce qu’elle véhicule – récits divers, morale, rapport au temps – que les artistes aujourd’hui se la réapproprient.
La littérature, matière première comme une autre pour les artistes ? Montag tente de dresser un inventaire non exhaustif des manières dont les artistes s’emparent des textes fondateurs pour les traduire dans leur langage, de la vidéo à la sculpture, de l’installation à la performance, signifiant ainsi une volonté «d’adaptation» manifeste..