Gérard Collin-Thiébaut - mes oisivetés
ou l'art de remplir sa conscience en vidant son débarras
L'exposition Archéologie, le Jour d'aprês proposée par le Frac jusqu'au 18 septembre au Musée des Beaux-arts et d'archéologie de Besançon trouve son prolongement au Musée du Temps par la présentation de Mes oisivetés de Gérard Collin-Thiébaut. Celui-ci, comme il l'écrit si bien, s'est attaché depuis 1970 à accumuler «des preuves sur la vie», à rassembler puis à inventorier de façon méthodique des «choses que l'on présente aux autres pour les faire se souvenir tel un mémoire, ou une œuvre d'historien...». Une autre façon de fabriquer de l'histoire.
Moeurs du siêcle, Dispositifs audio-visuels, Copies, Transcriptions, Images de GCT, Peintures sur le motif, Collection Miroir du Monde, Artistes en Petits Soldats, Rébus... il suffit d'arriver sur la page d'accueil du site de Gérard Collin-Thiébaut pour comprendre la multiplicité de son oeuvre. Les diverses facettes s'emboîtent pour former un tout três cohérent. Gérard Collin-Thiébaut interroge et réinterprête les images, les mots et les oeuvres (de même que le musicien interprête une oeuvre musicale), a une évidente prédilection pour les instruments anciens et la peinture, prédilection qu'il cultive sans nostalgie, mais au contraire avec un humour parfois féroce (Faux mouvement).
Mes oisivetés de Gérard Collin-Thiébaut, dont le titre est emprunté à un écrit de Vauban, se présentent sous forme de collectes et de classifications. Celles-ci se répartissent en plusieurs registres: regard anthropographique et collectes ethnographiques qui se subdivisent elles-mêmes en plusieurs catégories telles que «buvards», «savonnettes», «bagues de cigares», «cartons de biêre», «jouets Kinder Surprise», «images religieuses/pieuses», «pochettes d'allumettes», «opercules de crême à café», «cartons à biêre», «sacs plastique», «sucres», «agendas», etc.
«Je compris alors que mon salut résidait dans une meilleure compréhension du monde qui m'entourait et yeux grand ouverts, je me mis à collecter tout indice susceptible de me le faire comprendre, me débarrassant du même coup de ces moments propitiatoires, accumulant photographies, cartes postales, prospectus, catalogues, guides touristiques, ainsi que tous les objets insignifiants mais révélateurs, de la vie quotidienne».
Tout au long de l'exposition chacun est convié par Gérard Collin-Thiébaut à participer à ses Oisivetés :
«Apportez avec vous dês le jour du vernissage les menus objets du commun :
sacs plastique et sacs papier, cartons à biêre (dessous de verre), savonnettes d'hôtels, jouets Kinder, Mc Donalds, sucres enveloppés (morceaux et sachets), dépliants/guides touristiques, pochettes d'allumettes, images diverses, cartes postales, etc...
Et vous contribuerez ainsi à cette autre mémoire du monde qu'est l'immense collecte scientifique populaire de Gérard Collin-Thiébaut, ses Oisivetés, deviendront les vôtres, et cette connivence avec l'oeuvre ira en grandissant à mesure de votre participation».