Aller contre le vent : la bibliothèque idéale
Notre bibliothèque propose un large choix d’ouvrages concernant l’art contemporain et les artistes de la collection du Frac (monographies, dossiers documentaires, écrits sur l’art, archives…). Un fonds important est également consacré au son (musique expérimentale et arts sonores) et aux questions de temps dans l’art, ligne directrice du Frac depuis de nombreuses années.
Nos ressources s’enrichissent de publications plus généralistes comme la littérature, la poésie, la philosophie, la danse ou la photographie, en particulier par le biais de sélections accompagnant les expositions, les « bibliothèques idéales ». À chaque exposition, le commissaire ou les artistes sont invités à suggérer des lectures ou des sources qui ont pu nourrir leur pratique, éclairer leurs thématiques de travail, ou tout simplement les accompagner dans leur vie d’artiste. Lorsque c’est possible, ces documents rejoignent notre fonds ; ils sont consultables sur place par le public lors de l’exposition concernée, dans un espace dédié, actuellement dans le grand hall. Une fois l’exposition terminée, ces livres sont réintégrés à la bibliothèque où ils pourront être empruntés grâce à notre carte gratuite.
Pour l’exposition Aller contre le vent, la bibliothèque du Frac s’est ainsi enrichie d’une trentaine de livres, parmi lesquels des classiques de l’histoire de l’art tels Langages de l’art de Nelson Goodman [1], des sound studies avec Écoute : une histoire de nos oreilles de Peter Szendy [2] ou de la littérature : Jorges Luis Borges, qui est un grand habitué de nos bibliothèques idéales, est ici cité deux fois, par Davide Bertocchi et par Elisabeth S. Clark [3]. D’autres auteurs très cités par les artistes contemporains trouvent tout naturellement leur place dans cette sélection, tels Roland Barthes pour Comment vivre ensemble : cours et séminaires au Collège de France 1976-1977 [4] ou Gilles Deleuze avec Pourparlers [5].
On y trouvera également des ouvrages thématiques accompagnant les artistes dans leur travail de création, des livres qu’ils gardent en permanence dans leur atelier ou sur leur bureau ; ainsi d’Une histoire universelle des ruines, des origines aux Lumières d’Alain Schnapp [6] ou du catalogue d’exposition Seth Siegelaub : Beyond Conceptual Art, qui retrace la carrière d’un pionnier de l’art conceptuel, le collectionneur Seth Siegelaub, chez qui Patrick Bernier & Olive Martin ont pu trouver, à travers leurs parcours, l’écho tant de l’interrogation face l’immatérialité des œuvres que de la passion pour le textile. Quant à Matthieu Saladin, qui propose dans l’exposition une œuvre intitulée La dette n’est qu’une promesse, il nous suggère d’approfondir le sujet à travers l’analyse monumentale de David Graeber, Dette : 5000 ans d’histoire.
[1] Sélectionné par Élodie Lesourd
[2] Sélectionné par Ari Benjamin Meyers
[3] Avec respectivement L’Aleph et Le Livre de sable
[4] Sélection d’Ulla von Brandenburg
[5] Sélectionné par Philippe Cazal du collectif UNTEL
[6] Proposé par Saâdane Afif
Ces livres thématiques, au-delà de l’outil de travail, sont souvent bien plus que cela : Régis Perray qualifie ses livres choisis d’ « immenses repères » et de « références de cœur », en l’occurrence l’ouvrage Fou de la marche de Jacques Lanzmann, un livre empreint de générosité où l’auteur-marcheur nous livre son expérience et ses secrets. Ou comme La Lecture des pierres où le sociologue et écrivain Roger Caillois partage sa passion pour le monde minéral, luxueuses photographies à l’appui, un livre proposé par Shimabuku, qui a probablement du émerveiller l’artiste japonais épris du monde animal.
Comme souvent dans les bibliothèques idéales, la poésie et les romans ne sont pas en reste, et vous pourrez découvrir ou redécouvrir Ghérasim Luca avec Héros-Limite et Flaubert avec Bouvard et Pécuchet [7], ou encore les deux tomes du roman de science-fiction Anatèm de Neal Stephenson, proposé par Ari Benjamin Meyers.
Et le rapport des artistes au livre ne s’arrête pas à l’inspiration, c’est également un médium de transmission dont ils n’hésitent pas à se servir : la compagnie Labkine cite ainsi dans sa bibliographie trois ouvrages pédagogiques auto-édités qui « proposent un outil pour explorer et inventer », à travers des analyses, des points de repère et des exercices inspirés de la cinétographie du danseur et chorégraphe Rudolf Laban.
Si vous voulez vous immerger dans l’univers des artistes, vous pouvez donc venir feuilleter ces ouvrages, prendre un temps de lecture tranquille dans le hall, ou attendre encore un peu pour pouvoir les emprunter : Aller contre le vent se termine le 30 avril, il vous reste donc quelques semaines pour venir découvrir – et participer à – cette belle exposition.
[7] Deux propositions du collectif UNTEL, respectivement suggérées par Philippe Cazal et Alain Snyers
Vous retrouverez ci-dessous la bibliographie complète des livres que nous avons pu acquérir, parmi ceux proposés par les artistes.