Ryoji Ikeda - test pattern [n°4]
En écho à l’empreinte japonaise de la Cité des arts et notamment à son système de « pixels » qui rythme le bâtiment, et en résonance avec la collection du Frac qui se concentre sur la question du temps et du son, l’installation test pattern [n° 4] de l’artiste et musicien japonais Ryoji Ikeda invite le visiteur à entrer dans un univers ultra-contemporain, à faire l’expérience d’une immersion dans l’image, la lumière et un son électronique minimal.
test pattern est un programme informatique qui convertit en temps réel les signaux, qu’ils soient sonores, comme c’est le cas ici, textuels, ou visuels, en images de codes barres ou de données informatiques binaires constituées de 0 et 1. L’installation est composée d’images projetées sur une surface au sol de 12m x 3m accompagnée par un dispositif sonore.
La vitesse extrême des images noir et blanc — des centaines de compositions par seconde — quasi en effet stroboscopique, est une expérimentation sur les limites de la perception pour le visiteur en référence aux tests de fonctionnement des appareils de diffusion (les « test pattern » sont aussi le nom donné aux mires qui permettent de tester les images des téléviseurs).
Ce projet, qui s’intègre dans la série datamatics, ensemble d’installations et concerts, explore la capacité à percevoir les données informatiques qui pénètrent jour après jour notre quotidien. Les bases de données sont donc à la fois le sujet des recherches de Ryoji Ikeda, et son matériau de création. Par nature invisibles, l’artiste cherche à les capter pour nous les restituer à travers une expérience esthétique puissante et fascinante.
Pour le Frac Franche-Comté et dans le cadre de son ouverture, la pièce est accompagnée exceptionnellement de sa version sous forme de concert-performance, test pattern [live set]. Depuis 2008 en effet, l’artiste développe le projet test pattern à travers plusieurs angles : sortie d’un CD, création d’un concert audiovisuel et à ce jour quatrième version de l’installation test pattern, sans oublier la version monumentale présentée à Park Avenue Armory à New York en mai 2011. Infra-basses, sons purs et séquences quasi-bruitistes sont les ingrédients de ses compositions minimalistes, converties en direct en images vidéo.
Le projet de Ryoji Ikeda dans la salle du rez-de-chaussée inaugure une programmation régulière d’oeuvres pensées en fonction des caractéristiques de cet espace d’exposition. Qu’il s’agisse de productions, c’est-à-dire des oeuvres créées pour l’exposition et donc encore jamais présentées au public, d’oeuvres in situ qui n’existent que dans une architecture donnée et ne peuvent pas être présentées ailleurs car elles perdraient tout sens, d’installations, adaptables, notamment dans leurs dimensions, en fonction du lieu, ou encore d’oeuvres éphémères, qui disparaitront après l’exposition ; les oeuvres qui seront présentées dans cet espace auront toujours un caractère expérimental et fortement ancré dans une actualité.
Ryoji Ikeda est né en 1966 au Japon à Gifu et vit actuellement à Paris. Il s’est fait connaître dès les années 1990, dans l’effervescence de la scène électronique mondiale. D’abord DJ, il ouvre progressivement sa pratique à l’art sonore. Après avoir intégré le collectif japonais Dumb Type, il sort son premier CD en solo en 1995, intitulé 1 000 Fragments, inaugurant une série de disques signés sur les labels CCI, Touch, Staalplaat et Raster-Noton.
Ses compositions prennent source dans les sons de l’environnement numérique (clicks et autres buzzs) pour arriver jusqu’à une abstraction qui tend à explorer les limites mêmes du perceptible, entre l’infra et l’ultra son, et, dans l’univers du visuel, entre la lumière blanche et le défilement stroboscopique. Ses performances sur scène et installations sont des expériences sensorielles qui opèrent des transpositions permanentes entre images et sons. Ses oeuvres ont toujours le caractère très ciselé et précis des recherches mathématiques dont elles sont issues et auxquelles il emprunte plastiquement des logiques de superposition, de séquences ou de flux continus. Son projet « matrix » a reçu le prix Golden Nica Award à Ars Electronica en 2001. La publication cyclo.id (éd. Gestalten) en collaboration vec Carsten Nicolai a reçu le prix GIGA-HERTZ dans le cadre de Sound Art 2012 au ZKM de Karlsruhe.
Aujourd’hui, Ryoji Ikeda est un des rares artistes à opérer tout autant dans le réseau de la musique que dans celui des arts visuels et se produit dans le monde entier.
Dernièrement en France, il a été programmé au Centre Pompidou dans le cadre du Festival d’Automne et au 104 — Festival Némo (Paris, novembre et décembre 2012) et sera au festival de Marseille, à la Fondation Vasarely- Marseille 2013 en 2013. Il est présent dans les collections du Fonds National d’Art Contemporain (Paris) et du Centre Pompidou.
En 2013, il présente également ses performances et Installations au SRTP Festival Eindhoven, Musica Nova Helsinki, Sarjah Biennale, Frac Franche Comté, Besançon ; Carriageworks Sydney, Triennale de Auckland; Dark Mofo Festival et Mona Museum à Hobart-Tasmanie ; Borusan Contemporary Istanbul ; Ruhrtriennale, Duisburg ; Telefonica Foundation Madrid ; Kyoto Experiment Festival, Galerie Koyanagi Tokyo etc.
Avec le soutien de la Fondation Franco-Japonaise Sasakawa et de EDF.