Lois Weinberger, L’Envers du Paysage
Né en 1947 en Autriche dans une famille de paysans, Lois Weinberger convoque dans son travail agriculture, botanique, réflexion sociétale et engagement politique.
Pour cet artiste, les plantes rudérales (du latin ruderis : décombres) sont la matière première d’une œuvre qui prend différentes formes : peintures, dessins, photographies, vidéos, sculptures, installations, jardins et interventions dans l’espace public.
L’artiste s’attache à glorifier les laissés-pour-compte, les surnuméraires du monde végétal domestiqué par l’Homme qui s’affaire à les éradiquer. Ce faisant, il oppose la nécessaire biodiversité à la hiérarchisation et à la sélection des espèces pratiquées par les botanistes.
Weinberger, qui se définit lui-même comme un homme de terrain, se lance au cours de années 1970 dans des travaux ethno-poétiques qui formeront la base de ses recherches artistiques actuelles sur les espaces naturels et artificiels. Avec son travail, il a contribué de façon significative aux débats portant depuis le début des années 1990 sur l’art et la nature.
En 1991, il conçoit le Wild Cube, une cage en acier destinée à accueillir la croissance spontanée d’une végétation laissée libre de toute intervention humaine – une « société rudérale » qui crée une faille dans l’environnement urbain. L’un de ces Wild Cubes vient d’intégrer la collection du Frac Franche-Comté et est installé de façon pérenne aux abords de la Cité des Arts.
L’intérêt de Lois Weinberger pour les zones en déshérence le pousse à explorer aussi les sous-sols.
À Athènes, en 2017, lors de la dernière documenta, l’artiste a présenté Debris Field, que l’on retrouve dans l’exposition. Cette installation qui résulte de fouilles pratiquées sous le plancher de la maison de ses parents dans le Tyrol autrichien affirme la porosité entre le sol et le sous-sol, et la présence, sous la surface, d’un jardin inversé.
Des objets et rebuts oubliés après enfouissement aux plantes rudérales, images des migrants qui essaiment dans nos territoires et qui - pour peu qu’on leur accorde la liberté d’y entrer – enrichissent nos cultures, Lois Weinberger rappelle que la vie est mouvement et diversité, entropie et transformation, et qu’aucune société ne saurait survivre dans l’immobilisme, le protectionnisme ou l’exaltation de la pureté.
Son œuvre hautement métaphorique et poétique nous invite à ne pas oublier l’envers du paysage.
Commissariat : Sylvie Zavatta
Lois Weinberger
Né en 1947 à Stams, vit et travaille à Vienne et à Gars am Kamp (Autriche)
Lois Weinberger travaille sur un réseau poétique et politique qui attire notre attention sur les zones marginales aussi bien qu’il questionne divers types de hiérarchies. Weinberger, qui se définit lui-même comme un homme de terrain, se lance au cours des années 70 dans des travaux ethno-poétiques qui formeront la base de ses recherches artistiques d’aujourd’hui sur les espaces naturels et artificiels.
En 1991 il conçoit le Wild Cube, une cage en acier destinée à accueillir la croissance spontanée d’une végétation voulue libre de toute intervention humaine – une «?société rudérale?» qui crée une faille dans l’environnement urbain.
À la même période, Weinberger commence une série subversive de transferts de plantes vers des espaces urbains et ruraux qui ne sont pas adaptés à cet usage.
Dans BURNING et WALKING, il défonce l’asphalte de la cour du Szene Salzburg pendant le festival de l’été 1993 et livre cet espace découvert de 8 x 8m à lui-même. Cette œuvre sera réinstallée en 1997 sur le parking du Kulturbahnhof à l’occasion de documenta X, puis à nouveau en 1998 à Tokyo.
Pour documenta X, Weinberger plante aussi des végétaux d’Europe du sud et du sud-est sur une portion de 100m de voie ferrée, œuvre qui deviendra une métaphore internationalement acclamée, pour ses évocations à la fois poétiques et politiques, des phénomènes modernes de migration. Depuis 2015 il est prévu que cette réalisation soit restaurée et demeure à Cassel en tant qu’œuvre d’art.
En 2009, Weinberger est invité au pavillon autrichien pour la Biennale de Venise. En 2017, il est invité à Athènes et à Cassel pour documenta 14.
Avec son travail, Weinberger a contribué de façon significative aux débats portant depuis le début des années 90 sur l’art et la nature.