Max Feed
Max Feed est la première exposition collective autour de l’œuvre de Max Neuhaus.
50 ans après LISTEN, œuvre-manifeste qui a marqué en 1966 le début de ses expérimentations invitant à écouter le paysage sonore post-industriel de New York, l’exposition rend hommage à son parcours. Considéré comme le « père » de l’installation sonore, Max Neuhaus abandonne, au milieu des années 1960, sa carrière de percussionniste et d’interprète pour se consacrer à la réalisation de « topographies sonores » – terme qui désigne des installations s’inscrivant dans l’espace public comme dans les zones négligées de musées et de galeries, produisant des « situations sociales » en dialogue avec le quotidien.
Max Feed réunit une quarantaine d’études et de dessins, dont plusieurs sont montrés pour la première fois, ainsi qu’un corpus important de documents d’archive. Cette sélection porte une attention particulière sur l’activité de Neuhaus en France. Le public pourra aussi découvrir deux dispositifs sonores rarement activés : Silent Alarm Clock, un réveil qui rompt le sommeil par le silence créé en 1979, et Five Russians, l’installation sonore conçue en 1979 pour la Clocktower à New York, reconstituée pour la première fois dans une institution publique.
Max Feed souhaite aborder l’art de Neuhaus au-delà du traditionnel recours à ses dessins. Neuf artistes ont ainsi été invités à entrer en résonance avec son œuvre pionnière – la plupart avec des nouvelles productions. Il s’agit ici de questionner l’idée d’héritage, comprise non pas tant comme transmission univoque, que comme mise en circulation de processus multiples, générateurs d’une action transformatrice et rétroactive. Le titre de l’exposition convoque d’ailleurs cette notion de feedback, en empruntant le nom d’un perturbateur d’ondes sonores créé en 1966 par Neuhaus (le Max-Feed) pour expérimenter à domicile les effets de la rétroaction sur les émissions radiophoniques et télévisées.
Ainsi, Myriam Lefkowitz, à l’aide d’impulsions chorégraphiques, approfondit l’exploration du corps écoutant, tandis qu’Olivier Vadrot oriente ce même corps en ayant recours au langage du design et de la scénographie. Trisha Donnelly explore silencieusement le principe de jardin sonore, alors que Nina Katchadourian infléchit l’expérience de l’environnement urbain en jouant sur la frontière fragile entre sons naturels et artificiels. Les pièces de Seth Cluett invitent à prendre place également à la limite de deux espaces, extérieur et intérieur, en se concentrant sur les rapports de translation entre territoire, architecture et expérience sensorielle. Oleg Tcherny, se glisse dans les plis d’un temps apparemment immobile pour faire vaciller la perception. Simon Ripoll-Hurier nous fait écouter l’écoute elle-même ; Sébastien Roux multiplie les réfractions entre médiums et langages différents, et Matthieu Saladin sème le doute sur ce qu’il convient d’écouter.
À travers une pluralité de médiums et d’expériences sensibles, Max Feed invite à développer une capacité à réorienter l’attention. L’exposition engage à une véritable pratique consciente agissant sur l’expérience ordinaire – que ce soit dans la transformation des paysages perceptifs, ou dans la prise de conscience des actes individuels au sein d’une communauté.
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Avec les oeuvres de : Seth Cluett, Trisha Donnelly, Nina Katchadourian, Myriam Lefkowitz, Simon Ripoll-Hurier, Sébastien Roux, Matthieu Saladin, Oleg Tcherny, Olivier Vadrot et Max Neuhaus.