11/10/2007 - 24/11/2007
Horaires: 
du mardi au vendredi de 15h à  19h<BR> et le samedi de 14h à  18h

Galerie d\'art contemporain, - hôtel de ville - place du 8 septembre, 25000 Besançon

Joël Hubaut - "echo-vapeur" (warning d'amour)

un partenariat frac franche-comté / galerie d'art contemporain de besançon



Joël Hubaut est né en 1947 à Amiens
Il vit et travaille à Réville en Normandie.



Artiste de la démesure et du débordement absolu. (...)Performer radical-infatiguable, jusqu'au boutiste de la fatal error, accumulateur frénétique et architecte du délire, Hubaut est un constructeur de situations paradoxales et d'événements hilarants, dionysiaques et jouissifs. Il fait le vide par le plein en riant de tout : il actionne et pulvérise les concepts et idéologies dans un va et vient absurde, rhyzomatique et orgiastique... »(1)



Depuis 1970, Joël Hubaut place l'épidémie au centre de sa réflexion sur l'art et la société. Il s'agit « d'un projet d'envahissement et de contamination » par la prolifération de signes dits « épidémik » et répétitifs qui prolifêrent dês lors dans toutes ses productions et envahissent tous les supports dont s'empare l'artiste, qu'il s'agisse d'objets, de véhicules, de corps ou d'espaces. Ce faisant l'artiste entend critiquer « un ordre moral fondé sur la manipulation des comportements et le contrôle des individus »(2)
: « on nous contamine, écrivait-il à l'époque, on nous conditionne, on nous moule, je dois réagir aux inquisitions, aux uniformités et trouver mon propre vaccin pour faire éruption dans les rouages modélisés dominants (...) impossible pour moi de concevoir le saucissonnage et la spécialisation cloisonnée des médiums, des appareillages culturels balisés ».(3)
Ainsi, Joël Hubaut sera et demeurera un artiste inclassable. Nourri tout à la fois par Rabelais, Fourier, Brisset ou William Burroughs..., Satie et la musique répétitive, Malevitch, Duchamp, Picabia, Beuys, Filliou,...ou les réflexions théoriques du groupe B.M.P.T, il développe une œuvre hybride et transversale (dessin, peinture, vidéo, musique, sculpture, performance, écriture, poésie visuelle et sonore, édition, organisations d'événements...) où sont mixées sans hiérarchie aucune toutes ces sources hétéroclites et des formes d'expressions mineures et populaires.


Il y a de la dérision et de la parodie dans le jeu de Joël Hubaut mais qu'on ne s'y méprenne pas: « la parodie, ainsi que la rappelle Arnaud Labelle-Rojoux, n'a rien de désinvolte. Elle est bouffonne, burlesque, tout ce que vous voudrez, mais elle n'est pas désinvolte. Elle prend les choses à coeur (...). Sauf qu'elle les exprime hors du sérieux apparent, avec vulgarité souvent, sans craindre la dégradation de son objet ».(4)





Et si Joël Hubaut se travestit volontiers en bouffon, c'est qu'il peut, par ce biais, mieux révéler la dimension tragique du monde. Il s'agit bel et bien d'une attitude morale.

Pour son exposition à Besançon, Joël Hubaut, comme d'habitude, a joué des correspondances et des coïncidences en voguant allêgrement d'une idée à l'autre, en jouant avec les mots comme le font les enfants ... mais plus encore comme les fous dont il reconnaît s'inspirer lorsqu'il utilise avec jubilation « les analogies, les enchaînements sémiotiques en boucle et toutes sortes de collisions textuelles et visuelles ».(5)
Ainsi, tout est parti d'une improbable rencontre avec le Marquis de Jouffroy d'Abbans, personnage historique de la ville dont l'effigie en bronze est située sur les quais Vauban. De à tout s'est enchaîné logiquement. Joël Hubaut a établi les liens entre ce marquis prénommé Claude-Francois et l'interprête de Alexandrie Alexandra. Et puisque notre marquis est aussi l'inventeur de la navigation à vapeur, tout est devenu évident, presque limpide : On passe à Fourier, autre célébrité bisontine, et son nouvel ordre amoureux, puis au port fluvial de Besançon, à l'industrie automobile de la région, à Picabia dont on sait qu'il était un grand collectionneur de voitures et naturellement à James Bond auquel Claude François s'est identifié pour la pochette de son disque « Comme d'habitude » en posant tel 007 devant le logo du label « La Flêche » lequel évoque la peinture suprématiste mais aussi les signes épidémik de l'artiste...Ainsi la boucle est bouclée, le tout dans une ambiance « électrique » et glamour. Ce faisant Joël Hubaut nous raconte une histoire. Et son exposition qui trouve son prolongement sur le site du port fluvial se présente comme un film, une fiction dans laquelle Il dévoile et révêle en quelque sorte l'inconscient de la ville, « le merveilleux du quotidien ».


Sylvie Zavatta

Directrice du Frac Franche-Comté


(1) Erratum

(2) Patricia Brignonne, in Joël Hubaut Re-mix épidémik, Esthétique de la dispersion, Les Presses du Réel, 2006, p. 56

(3) Joël Hubaut, in. Op.cit p. 41

(4) Arnaud Labelle-Rojoux, in. Op.cit p. 246

(5) Joël Hubaut, in. Op.cit.142
Joël Hubaut - "echo-vapeur" (warning d'amour)