05/10/2013 - 26/01/2014
Horaires: 
du mercredi au vendredi de 14h à 18h / samedi et dimanche de 14h à 19h

Frac Franche-Comté, Cité des arts, 2 passage des arts, 25000 Besançon
03 81 87 87 40

Francis Baudevin - Four Walls

avec Tatiana Arce, Nicolas Eigenheer, Jérôme Hentsch, Anne Hildbrand, Frankie Joiris



L’oeuvre de Francis Baudevin, artiste suisse vivant
à Lausanne, s’est construite autour de la notion
de réappropriation. Ses peintures sont abstraites
mais leurs motifs bien concrets. Il les emprunte
au packaging (pharmaceutique, alimentaire…), aux
pochettes de disques vinyles ou s’empare de pictogrammes
et de logos industriels glanés ici et là. Ses
peintures en sont l’agrandissement débarrassé de
tout élément textuel. Francis Baudevin connaît parfaitement
l’histoire du graphisme et de l’abstraction
géométrique
, histoires qui sont entrelacées à
bien des égards. En Suisse, des peintres abstraits
tels que Max Bill et Richard Paul Lohse ont travaillé
dans le graphisme – comme cela a d’ailleurs été le
cas pour l’artiste également. En basant sa peinture
sur le design d’emballage et la conception de logos,
il reprend ou se réapproprie au fond l’histoire qui a
influencé son homologue commercial. « Je préfère
participer à la relance de l’abstraction moderniste »,
dit l’artiste, « plutôt que [de] commenter l’observation
de l’épuisement des formes et des concepts. Je
ne suis pas du tout résigné – au contraire, j’éprouve
une réelle empathie envers le projet culturel de la
modernité. »

Olivier Mosset, écrivant sur Baudevin en 2000,
fait remarquer ce qui suit : « Il neutralise le poids
idéaliste qui est parfois porté par l’art abstrait, en
rendant sa méthode claire. Il n’y a là aucun mystère,
seulement une preuve simple : un travail non
illustratif qui met en lumière à la fois une situation
commerciale et la notion d’art abstrait. » « Un jour,
conclut Bob Nickas, les peintures de Francis Baudevin
devront porter le type d’avertissements et
de recommandations d’utilisation que comportent
les originaux : « peut provoquer une sensation de
vertige » et « jouer à volume élevé ».

La démarche de Francis Baudevin est basée sur une
méthode rigoureuse à des fins de distanciation que
vient pourtant contredire le rapport affectif qu’il
entretient avec l’univers sonore et musical lequel
lui sert bien souvent de matériau premier.

La collection du Frac Franche-Comté compte une
peinture de Francis Baudevin. Il s’agit d’une oeuvre
intitulée Polydor à propos de laquelle l’artiste
indique : « Polydor est un pictogramme qui existe
vraiment : un demi-disque vinyle sur un rectangle
rouge. Il s’agit d’une des principales raisons de
ce choix. Et puis c’était aussi un label peut-être
un peu désuet à l’heure du disque compact – il y
a encore des pictogrammes de trains à vapeur !
Pourtant, il avait effectué un retour visuel, notamment
dans des publicités, à la télévision, où il apparaissait
en plein écran. C’est une marque du groupe Universal, alors associée au succès de Jean-Marie Messier et de la multinationale Vivendi. Le label
propose des enregistrements célèbres de James
Brown ou de Jimi Hendrix, des choses plus commerciales
comme Abba et de la musique de variétés, et
puis d’autres disques peut-être plus confidentiels
et pourtant magnifiques comme l’album 1969 de
Julie Driscoll, ou alors quasi-introuvables dans leurs
parutions originales comme Secrets of the Blue
Bag
d’Anthony Moore (dont le titre de la première
édition semble complété par la mention suivante :
« A Story for John Cage »). Un label associé au
mainstream avec cependant de nombreuses choses
très pointues, comme pour Columbia ou Virgin,
par exemple. » C’est dire combien dans le travail
de Francis Baudevin, la peinture et la musique sont
intrinsèquement liées.



……..




Commissariat :

Sylvie Zavatta, directrice du Frac Franche-Comté

Partenaires :



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Bien qu’elle ne saurait cependant se réduire à cet
univers, l’exposition regroupe au côté du wall painting
intitulé Sans Titre (Carambar), nombre de peintures
qui sont le fruit d’un prélèvement dans la collection
personnelle de disques vinyles de l’artiste.
Si dans les peintures l’absence de texte peut induire
une difficulté quant à l’identification immédiate de
la référence ou de la source, en revanche dans les
photographies de l’artiste la question ne se pose
pas. Il s’agit en effet de séries de photographies de
pochettes de disques que le peintre regroupe par
couleur. En résulte des déclinaisons chromatiques
qui sont le fruit d’un mouvement analogue à celui
qui préside à l’élaboration de ses tableaux et de ses
wall paintings.

« Mon intérêt pour la musique et ma démarche
picturale ont longtemps été distincts, et c’est
peut-être à travers mon enseignement à l’école
cantonale d’art de Lausanne que ces domaines ont
commencé à se conjuguer plus étroitement. J’ai
bien souvent recours, et assez naturellement, à
des exemples empruntés à la musique pour situer
une démarche artistique, il y a en cela un apport
pédagogique. Auparavant, j’avais envisagé mon
implication en tant qu’artiste plutôt sous l’angle de
la distanciation, par la peinture abstraite, même si
j’y avais été amené par des démarches musicales.
Puis j’ai commencé à rendre davantage visibles ces
références musicales, peut-être encouragé par les
étudiants eux-mêmes, ainsi que par quelques collègues
» explique l’artiste.

Un intérêt qui se voit ici réaffirmé puisqu’en
contrepoint Francis Baudevin a souhaité présenter,
au côté de son travail, celui de cinq autres artistes
ayant un lien direct avec la musique.
Ainsi découvrira-t-on les productions de Tatiana
Arce, Nicolas Eigenheer, Anne Hildbrand, Jérôme
Hentsch
et parmi elles la photographie de Frankie
Joiris
, un portait photographique de John Cage.
C’est in fine à ce compositeur américain - qui a
marqué de son empreinte indélébile la musique de
notre temps et qui ne cesse d’être une référence
pour les artistes contemporains - que Francis
Baudevin rend hommage en donnant pour titre à
son exposition celui d’une pièce du compositeur :
Four Walls.


Cette exposition vient alors prolonger l’exposition
Tacet, conçue par Francis Baudevin en tant
que commissaire invité du Frac Franche-Comté
dans le cadre des 30 ans des Frac
, et présentée
au Musée des Beaux Arts de Dole du 22 juin au 8
septembre 2013. L’accrochage de l’exposition est
construit autour du terme « Tacet », qui signale sur
une partition un moment de silence et qui constitue
l’unique indication de 4’33’’, pièce pour piano
de John Cage.

Un journal de 24 pages conçu par l’artiste et mis à
la disposition du public à Dole et à Besançon sert
de lien entre les deux projets : prenant pour point
de départ le portait photographique de John Cage
par Frankie Joiris, il explore une question chère
à Francis Baudevin : qu’est-ce qui vient avant le
silence et qu’est-ce qui lui succède ?

Francis Baudevin - Four Walls